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Deux plaques de porcelaine extrêmement fines (700 x 880 x 2,5 mm) sont exposées derrière les baies vitrées de la galerie. Selon la qualité de la lumière naturelle qui les éclaire, elles dévoilent en translucidité l’image qui y est incrustée.

Ce travail s’inspire de la lithophanie, une technique née en 1827 qui consiste à reproduire une image par transparence sur une plaque de porcelaine. Sur mon support en paperclay (mélange de porcelaine de Limoges et de fibres de papier), je reporte mon décor selon la valeur de gris désirée à l’aide de pochoirs de papiers découpés. Je transpose ainsi les nuances de l’image en travaillant sur l’épaisseur de la porcelaine. Plus la couche est fine, plus la surface illuminée est claire. Plus la couche est dense, plus la zone est foncée.

J’expérimente ainsi la transformation d’une photographie reproduite avec des procédés céramiques, questionnant leur représentation et leur matérialité.

Dans ces Ecrans de porcelaine, l’image est matière, puisqu’elle prend corps grâce à son relief estampé sur la plaque. Sa texture évoque le papier dont les fibres utilisées dans la pâte crue ont laissé leur empreinte. En lumière rasante, le spectateur commence par percevoir le matériau, avant de découvrir l'image.

Ce travail me permet d’expérimenter pour la première fois la grande dimension, avec tous les risques que cela comporte tant au niveau de la manipulation de la pièce que de sa cuisson. L’extrême fragilité de ces pièces les rend d’autant plus précieuses.

Matière, fragilité, préciosité: trois notions aux antipodes de ce qu’évoque «l’amas d’ordinateur» et «l’usine démolie» représentés sur mes Ecrans. Quel rapport a-t-on aujourd’hui avec ces objets amassés, puis abandonnés dans un esprit de consommation à outrance?

Je me suis posée cette question cet hiver lors de la démolition de la friche industrielle où j’avais installé mon atelier depuis une dizaine d’années. Le déménagement m’a valu de jeter beaucoup de pièces qui, au moment de leur conception, avait de la valeur à mes yeux et qui sont passées sous le marteau rédempteur au moment de libérer ce lieu. D’autres interrogations sont apparues: l’acte de faire est-il un passage obligé pour évoluer dans son art? Une fois fini, l’objet devient-il futile?

Sur mes Ecrans de porcelaine, les ordinateurs symbolisent le virtuel, le conceptuel, l’immatériel. Dans une période charnière où les céramistes se questionnent sur la place de leur médium dans l’art contemporain, une question encore me préoccupe: à quel point le rapport au matériau est-il important dans le processus de création?

2013

Porcelaine papier (paperclay)
70 cm x 88 cm x 0,25 cm
Cuisson à 1260°C oxydation

Ecrans

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